Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) 
C'est le printemps , premiers sonneurs (Bombina variegata) à l'eau

Le sonneur à ventre jaune a l’allure d’un petit crapaud, mais en fait, il n’en est rien ; ce petit amphibien de moins de 5 cm n’est pas un vrai crapaud, il fait partie d’une famille à part (les discoglossidés).

Il est facile de l’identifier grâce à sa face ventrale ornée de marbrures d’un beau jaune vif sur un fond noir aux reflets bleutés : chaque individu ayant un dessin différent, il est facile de le distinguer de ses voisins par une photo. Toutefois, c’est la face dorsale, beaucoup plus discrète, que l’on aperçoit au premier abord lorsqu’il flotte à la surface de sa mare toutes pattes étendues. Cette face supérieure aplatie, grisâtre, est parsemée de petites épines et de boutons qui correspondent à de petites glandes à venin.

Les yeux sont très proéminents et les pupilles ont la forme d’un cœur ! Dans les vallées de l’Eyrieux et de ses affluents, les enfants qui le débusquaient et parfois jouaient avec, le dénommaient « crapaud plat » en raison de sa morphologie, mais ceux qui par mégarde se sont frottés les yeux après l’avoir manipulé en ont gardé le souvenir cuisant comparable à la présence de sable sous les paupières ! Le message délivré par le dessin ventral contrasté est pourtant clair : attention, je suis toxique ! D’autant que l’animal lorsqu’il est agressé peut prendre une position cataleptique caractéristique, dos profondément cambré et pattes relevées pour bien montrer les couleurs ventrales qui avertissent du risque encouru !

Son nom de sonneur peut prêter à confusion car bien qu’il chante sur une assez longue période à la saison des amours, son chant, un petit « ou-ou-ou » plaintif, flûté et étouffé ne porte pas loin et il faut être très attentif pour le percevoir parmi les autres sons en provenance de la rivière toute proche.

Dans le bassin de l’Eyrieux et plus généralement en Ardèche, cette espèce habite les petites mares établies dans les vasques naturelles du rocher en bordure des rivières, alimentées par les précipitations ou les crues : on ne le rencontre pas dans la rivière proprement dite. Alors qu’ailleurs en France et en Europe, on l’observe d’avantage dans les fossés, les drains, les ornières, toutes les pièces d’eau de petites taille, même artificielles ou perturbées par les activités humaines.

Les sonneurs se nourrissent principalement de petits invertébrés et surtout d’insectes piégés et englués dans le film de la surface de la mare. Pendant la belle saison, nos populations de sonneurs résistent très bien à l’élévation de la température dans leurs mares peu profondes et parfois minuscules ; De même, elles semblent peu sensibles aux pollutions organiques naturelles de ces milieux confinés. Il faut dire que la ponte des œufs est très échelonnée, par petits paquets, tout au long de la saison, ce qui laisse plus de chances de réussite à la reproduction dans ces milieux aléatoires qui peuvent être soumis à de brusques crues qui balayent parfois les mares ou à l’assèchement temporaire de celles-ci !

Depuis le printemps jusqu’à la fin de l’été on peut observer des couples flottant en surface, les mâles ceinturant solidement les femelles : par conséquent, on peut rencontrer dans une même mare des adultes en compagnie de jeunes, de têtards à tous les stades de développement et de grappes d’œufs !

Les populations d‘Ardèche dessinent une partie de la limite sud de l’aire de répartition de l’espèce. Elles sont étudiées et suivies de très près par les scientifiques, sur la bases de programmes initiés par le Conseil Général de l’Ardèche et le Parc Naturel Régional des Monts d’Ardèche. N’oublions pas que l’espèce et ses habitats sont totalement protégés car très menacés de disparition en France et en Europe.

Bien que peu sensible aux perturbations naturelles dans son milieu comme nous venons de le dire, il semble que le sonneur ait disparu de quelques mares situées sur les rives de baignades très fréquentées en été : c’est pourquoi il est utile de faire de l’information en direction du grand public, concernant l’intérêt patrimonial de ces petites bestioles qui on su traverser les millions d’années qui nous séparent de leur apparition sur la terre ferme, bien avant nous ! Il serait dommage de voir disparaître les dernières populations viables de ce continent par simple méconnaissance de la fragilité de notre biodiversité régionale.

       JP THOMAS Naturaliste Herpétologue (BEED, LPO-07)

 

Le Tissage
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